Stylo pointe fine (encre non permanente)
sur papiers superposés, humidifiés, mis sous presse
puis imbibés de paraffine liquide
20 x 30 cm
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Texte de Lauranne
«
Né en 1953, Jacques Rouby peint depuis plus d'une vingtaine d'années.
Après une première exposition au Casino de Saint-Céré qui lui valut les
éloges de la presse et de la critique, il s'exile à Paris, choisissant
de ne vivre désormais que de son art. Caricaturiste sur le Parvis
"Beaubourg" devant le Centre Georges Pompidou, il renonce à une vie
facile pour rejoindre Collioure, où il peint sur le bord de mer.
Bientôt,
cette eau le mènera à y immerger ses œuvres : des cartons, des papiers
couverts de pigments, que la mer a tôt fait d'emporter. Fasciné par la
richesse et la lumière des peintures qu'il retire de l'eau, il réalise
dans le même temps l'éphémère de la chose, car les teintes pâlissent à
la lumière du jour et perdent leur brillance en séchant.
Jacques Rouby continue sa recherche...
Ainsi
en est-il des gants de latex d'où il tire de somptueuses compositions.
Ces gants sont ceux qu'il utilise dans son travail, sur d'autres œuvres,
pour se protéger les mains. Ce sont d'authentiques gants de
travailleur, sur lesquels les pigments, les colles, les poussières de
carton ont laissé leurs empreintes. Jacques Rouby leur redonne vie grâce
à des installations, où ils acquièrent la grâce des fleurs et des
papillons.
Les oeuvres éphémères de la Nature et de l'Homme se rencontrent...
C'est
l'usure..., la dégradation. Pour Jacques Rouby, les ruines ont une
signification autonome. Ses œuvres parlent, comme une vieille maison
dont il ne reste plus que des pans de murs noircis. Nous savons que des
gens ont habité là. C'est ce qui rend la dégradation émouvante. Les
ruines sont portées au rang de vestiges.
La
destruction fait partie intégrante de la démarche créative de
l'artiste. Ainsi, aboutissait-il autrefois à la destruction complète de
son travail. Maintenant, cette destruction est inscrite dans l'œuvre,
qui est dégradation, destruction, voire putréfaction. Celle-ci n'a plus
besoin d'être détruite pour dire. Les œuvres de Jacques Rouby sont,
comme il le dit lui-même, « Déchets d'Oeuvres ».
L'usure est un mouvement, la vie quasi-autonome des matériaux : une dynamique interne qui règle toute vie.
Pour
la plupart, les travaux de Jacques Rouby ne portent pas de titre. Il y
en aurait trop, l'œuvre changeant de signification à chaque fois, à
chaque nouvel événement : un accrochage, une exposition, voire une
nouvelle intervention de l'artiste... Donner un titre reviendrait à
bloquer cette évolution naturelle, ce double travail de l'artiste et du
temps, ces frères siamois ! »