"Tee pee Family"
Acrylique sur tole
40 x 40 cm
2007
***
L’appréciation
d’une peinture réside dans la sensation qu’elle procure.
Ce n’est pas tant ce que l’on voit, mais ce que l’on ressent
qui importe. Ce qui frappe en premier chez Loubet,
c’est la dimension rituelle des oeuvres. La tribu est en lui et
l’imprègne depuis son enfance. On ne passe pas cinq années
en communauté dans un village Tee Pee, sans en être
marqué pour la vie. L’inspiration tribale, on la décèle
dans la géométrie pathétique des visages et
celle brute des corps, dans la filarité des membres indiquant
la surprise ou le renoncement. Par cette simplicité des
formes, l’artiste réduit l’événement à
l’essentiel. Il ne peint pas la réalité telle qu’elle
est mais comme il la devine, le monde environnant se réduisant
à son expression la plus pure. Certes, la limite est ténue
entre un extérieur objectivement visible et celui de
l’imagination. Des racines au message, c’est tout un univers
absent. Comme Kippenberger auquel il empreinte son nomadisme, Loubet envisage l’art comme un commentaire social dont il clame les
vérités profondes. Et puis Loubet,
il n’aime pas ce que l’homme a fait aux bisons, il n’aime pas
non plus ce que l’homme a fait aux indiens. Loubet, il danse avec les loups dans le Parc de Yellowstone !
C’est
au cœur même de l’acte créateur et au travers du
geste, que Loubet déjoue les pièges esthétiques et construit sa
révolte. Dans cette liberté spatiale, il synthétise
les moyens d’expression. Le traitement du trait dès
qu’émergent les formes, l’aspect spirituel des messages
transmis, donnent aux œuvres de cet artiste une spontanéité
primordiale. Ah ! Cette manière pulsionnelle de peindre !
Mais
Loubet,
ce n’est pas seulement le trait ; ce ne sont pas seulement les mots
; Loubet
c’est aussi les couleurs. Mises au service de la démarche
narrative, elles portent en elles des thèmes universels ; ces
couleurs qui par leur pouvoir expressif soudent les compositions,
apportent à l’architecture du tableau de vivifiantes
modulations.
Il
n’y a pas d’appropriation chez Loubet.
Il y a Loubet,
avec sa capacité à séduire et sa volonté
d’exprimer de façon atypique, avec sensibilité et
parfois dérision, ce qui l’interpelle ici-bas et ailleurs.
C’est une manifestation de notre monde matériel qu’il nous
offre, avec des références symboliques. Comme tout
véritable artiste, Loubet
éprouve le besoin de passer rapidement d’un registre à
un autre. Ce mélange stylistique répond en fait à
un besoin vital de communiquer. Loubet
séduit par sa sincérité plastique et la densité
émotionnelle qui se dégage de ses œuvres. Il pratique
un art personnel et sans affectation. Loubet
a le don de transformer tout ce qu’il touche en art. Loubet,
c’est un esprit neuf qui s’exprime.
Dominique
Peloux-Raynal
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